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Actualités

Mieux évaluer la radiosensibilité individuelle

Le Réseau de Recherche en Cancérologie de Lorraine (R2CL) s’est réuni à l’ICL vendredi 17 novembre 2017. A cette occasion, le Dr Nicolas Foray (CRU Inserm 1052, Lyon), chercheur en radiobiologie, est venu sensibiliser les professionnels de santé à ce sujet.

La radiosensibilité individuelle, soit la prédisposition à plus ou moins bien réparer d’ADN suite aux réactions tissulaires radio-induites, préoccupe les scientifiques depuis des années. Lors d’une radiothérapie, l’irradiation provoque des cassures double brin de l’ADN au sein du noyau cellulaire. Des protéines sont impliquées dans la réparation de ces lésions. Cependant chez certains patients, ces protéines particulières peuvent être moins fonctionnelles, aboutissant à la mise en place d’autres voies de réparation. Si ces dernières sont altérées, cela peut produire des effets secondaires inhabituels et/ou, des cancers radio-induits dans de très rares cas.

La radiosensibilité individuelle est donc une composante importante à prendre en compte pour le traitement des patients sous radiothérapie. Les chercheurs de l’unité INSERM CRU1052 étudient depuis plusieurs années les mécanismes cellulaires liés à la radiosensibilité. Ils ont découvert que la protéine ATM(1), chef de file de la réparation des cassures double brins de l’ADN, pouvait être ralentie lors de son passage du cytoplasme vers le noyau de la cellule contenant l’ADN lésé. Les scientifiques sont parvenus à établir un lien entre le ralentissement de l’ATM et la toxicité post-irradiation, prouvant ainsi l’existence d’une radiosensibilité individuelle liée à cette protéine (Schéma).

shema radiosensibilite

Suite à cette découverte, l’équipe du Dr Foray travaille sur le développement d’un test in vitro visant à déterminer la radiosensibilité individuelle préalable à l’irradiation, en analysant l’état de réparation post-radiation. Le principe de ce test est de quantifier la cinétique du transit d’ATM. Il prédit ainsi indirectement le risque de survenue d’effets secondaires chez le patient irradié. Selon le Dr Foray, ce test est indispensable aujourd’hui car « la radiosensibilité individuelle, cela fait 100 ans qu’elle existe mais nous n’en avons toujours pas tenu compte ».

A l’ICL, le Dr Guillaume Vogin, MCU-PH radiothérapeute, fait partie des chercheurs privilégiés à avoir travaillé aux côtés du Dr Nicolas Foray à Lyon. Au cours de sa thèse, il a participé à l’élaboration du test impliquant l’ATM. Aujourd’hui en poste à l’ICL, il développe une étude clinique nationale intitulée ARPEGE(2), dont le but est d’évaluer la radiosensibilité des enfants à l’aide du test impliquant l’ATM et d’autres biomarqueurs.

Le test développé par l’équipe de Nicolas Foray et Guillaume Vogin est actuellement en cours de validation. « On peut aujourd’hui tenir compte de cette réponse individuelle dans l’évaluation du risque » explique le Dr Guillaume Vogin. Mais avant sa mise en oeuvre, une démarche éthique doit être construite en parallèle de la démarche scientifique, afin d’accompagner les résultats qu’il implique. L’évaluation de la radiosensibilité individuelle pourrait donc revêtir prochainement un intérêt majeur dans le parcours de soin personnalisé du patient atteint de cancer. 

(1) : Ataxia Telangiedasia Mutated ; (2) : Analyse ex vivo de la Radiosensibilité
individuelle en oncologie Pédiatrique dans l’inter région Grand Est.
Sources : G.Vogin/Cancer/Radiothérapie 15 (2011) 294-306 ; Interview de N.FORAY et G.VOGIN